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Blog proposant des recettes de cuisine faciles mais goûteuses, réalisées avec des produits de saison bio. Articles sur l'anthropologie des épices et des légumes.

CURCUMA

Curcuma (Curcuma longa), famille des Zingibéracées

 

 

Curcuma est la latinisation de l’arabe kūrkūm (safran), mot hindi. Dioscoride l’appelait cyperus, et au XVIème siècle, il était connu sous le nom de crocus indicus, turmeracke et curcuma. En sanscrit, il était nommé haridra.

C’est une plante vivace des Tropiques, cousine du gingembre. Le curcuma possède un rhizome épais, des branches courtes et de grandes feuilles brillantes ; l’inflorescence de la plante ressemble à des lys ou à des arums. Elle se multiple par division des rhizomes. Ce sont ces rhizomes, qui, une fois déterrés, cuits, desséchés et épluchés, seront transformés en poudre pour l’alimentation, l’industrie (teinture) ou à des fins médicinales (traiter l’ophtalmie en Chine, le rhume au Vietnam sous forme de lait au curcuma).

Originaire d’Inde, il est aujourd’hui cultivé en Chine, à Java et aux Antilles. On connaît le curcuma en Europe depuis le Moyen Age. Autrefois appelé safran des Indes, il fut érigé par les Asiatiques au rang de porte-bonheur.

Il y a environ quatre mille ans en Inde, le curcuma était pour la culture védique l’épice la plus importante pour la cuisine mais aussi pour les rites religieux. Elle était signe de bon augure et de protection, propriétés attribuées à toutes les plantes composées de jaune doré, rappelant la couleur du soleil. Les Indiens ont toujours fait un grand usage du curcuma pour assaisonner leurs plats mais l’utilisaient également comme cosmétique et comme médicament. Ils s'en servaient pour traiter les troubles de la vue, les douleurs rhumatismales, les maux de dents, la toux et pour stimuler la production de lait chez les nourrices. Ils l’associaient également à la fertilité : pendant le mariage, le fiancé passait un fil imprégné de curcuma autour du cou de sa promise. Le curcuma est également le remède traditionnel de la jaunisse aussi bien chez les Indiens que chez les Chinois. De nos jours, à Java et en Malaisie, le lieu d’une cérémonie religieuse est aspergé avec de la curcumine[1], matière odorante contenue dans les racines du curcuma. En Asie, il est connu pour soulager le rhume.

Le curcuma était très estimé des anciens Indo-Européens pour la teinture d'un beau jaune doré qu'on en obtenait. Toutefois, ils découvrirent qu'ajouté aux aliments, le rhizome réduit en poudre permettait d'en conserver la fraîcheur, la sapidité[2] et la valeur nutritive. Ainsi, bien avant l'époque des conservateurs synthétiques, le curcuma jouait un rôle primordial comme additif alimentaire. Son pouvoir de conserver la fraîcheur des aliments servit de modèle pour l’étude de ses applications possibles dans le domaine de la santé.

Aux îles Samoa, dans le Pacifique, le curcuma est une plante porte-bonheur, ainsi que le remède par excellence pour soigner tous les problèmes de peau. Mélangé à de l’huile de palme, les Thaïlandais s’en servent comme masque pour conserver à leur peau toute sa souplesse[3]. Ils l’utilisent également comme antidote contre les morsures de cobra. En Arabie et au Yémen, les porte-bébés en peau de mouton ou de chèvre sont enduits de curcuma ou de safran, afin de teindre les peaux et de les parfumer. D’autre part, les berceaux porte-bébés sont conçus comme de petits abris protecteurs ; les épices offrent aux nourrissons leur protection odorante et ils l’accoutument dès leur naissance à l’univers olfactif qui sera le leur durant leur vie terrestre[4]. Le badigeonnage sert aussi à désodoriser le cuir mouillé par l’urine[5]. En Inde, sa couleur lumineuse porte chance ; on pose un doigt de curcuma sur le front des nouveau-nés et on en frotte les bords des saris de mariage. En Malaisie, étaler de la pâte de curcuma sur le ventre de la mère et sur le cordon ombilical du nouveau-né éloigne les mauvais esprits, c’est aussi un antiseptique naturel. En Indonésie, lors des cérémonies de mariage, on oint son corps de curcuma. Les moines bouddhistes, quant à eux, teignent leur bure avec du curcuma.

Le curcuma est souvent utilisé frais, séché et en poudre, à la place du safran, beaucoup plus cher. Il parfume et donne sa couleur jaune aux currys, au kedgeree[6], à la moutarde anglaise et aux pickles[7]. En Afrique du Nord, il relève les plats d’agneau ou de légumes. Il est également un ingrédient de la célèbre sauce Worcester.

Il est reconnu efficace pour les troubles digestifs, les brûlures d’estomac et l’arthrite. En médecine douce, il est diurétique, il est excellent pour réduire les graisses qui s’accumulent dans le sang. Le curcuma est traditionnellement stomachique, favorisant le processus de guérison dans le zona, la variole ou la varicelle et décongestionnant les voies respiratoires supérieures, utilisé en application externe dans l’oreille ou comme collyre rafraîchissant pour l’œil contre l’ophtalmie purulente. On a découvert des propriétés antioxydantes de ses composés phénoliques[8], prévenant le vieillissement cutané, ainsi qu’une activité anti-inflammatoire de ses curcurminoïdes apparentée à celle de l’aspirine sans effets secondaires d’irritations gastro-intestinales. Plus récemment, on a découvert que les curcuminoïdes contribuaient à renforcer le système immunitaire de l’organisme[9].

 



[1] Matière colorante jaune.

[2] Caractère de ce qui est sapide, qui a un goût opposé à insipide.

[3] Délayer 1 c. à soupe de curcuma avec quelques gouttes d’huile de palme, de coco ou, à défaut, d’huile d’olive.

[4] Autrefois en Europe, on choisissait les matériaux du berceau dans ce but : ils étaient construits en bois de pin dont l’odeur résineuse passait pour dégager les voies respiratoires du bébé, tout en parfumant l’atmosphère.

[5] D’après Béatrice Fontanel et Claire D’Harcourt, in Bébés du monde, Ed. De la Martinière, Paris, 1998, p. 120.

[6] Met anglais d’origine indienne, également appelé cadgery ou kadgéri (mot indien). L’origine du terme kedgeree est le mot hindi, khichri. Il s’agit d’un riz au curry garni de restes de poissons (principalement du haddock) et d’œufs durs. Il fut importé grâce au commerce des épices entre 1750 et 1880.

[7] Condiment composé de légumes, fruits et graines aromatiques macérés et conservés dans du vinaigre.

[8] Curcumine, déméthoxycurcumine et bisdéméthoxycurcumine.
[9] D’après Badmaev Vladimir & Majeed Muhamed, in Natural Health Products Report, Vol. 9, n°3, mars 2000.

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