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Blog proposant des recettes de cuisine faciles mais goûteuses, réalisées avec des produits de saison bio. Articles sur l'anthropologie des épices et des légumes.

COURGETTE, POTIRON, CONCOMBRE, CITROUILLE, ETC.

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Citrouille, courge à moelle, courge à spaghetti, courgeron, courgette (Cucurbita pepo L.), potiron (Cucurbita maxima), courge buttercup, courge turban[1] (Cucurbita maxima var. turbaniformis), pâtisson[2] (Cucurbita melopepo var. clypeiformis), courge musquée, giraumon[3], potimarron (Cucurbita moschata), concombre, cornichon, (Cucumis sativus L.), concombre gherkin, cornichon épineux (Cucumis anguria, Cucurbita argyrosperma, Lagenaria siceraria), courge à cou tors ou courge d’Italie (Cucurbita melopepo var. torticolis), melon amer, margose ou poire balsamique, utilisé dans la cuisine chinoise (Momordica charantia), melon d’hiver chinois (Benincasa hispida), gourde, calebasse, coloquinte (Lagenaris siceraria), christophine, chayote (Sechium edule),

Famille des Cucurbitacées.

 

 

Ce concombre est amer ? Jette-le ! Il y a des ronces dans le chemin ?

Détourne-toi ! C’est tout ce qu’il faut.

Ne dis pas à ce sujet : « pourquoi ces choses se trouvent-elles dans le monde ? »

 

Marc-Aurèle, empereur romain

 

 

Cette famille est divisée en deux sous-familles, huit groupes, environ cent dix-huit genres et huit cent vingt-cinq espèces[4]. Grâce à sa valeur économique, elle est une des plus importantes familles de plantes exploitées par les hommes. Les cucurbitacées ont généralement des racines très importantes qui peuvent pénétrer dans le sol d’un mètre de profondeur pour les concombres et de deux mètres pour les citrouilles. Les fruits des cucurbitacées sont tous extrêmement différents, en termes de forme, de couleur, de taille, d’ornementation... La plupart de ces plantes poussent très vite en climat tempéré. Les racines de citrouille peuvent augmenter de six centimètres par jour dans de bonnes conditions. En une saison, un plant peut produire trois cent soixante fruits tout en s’étendant sur plus de douze mètres de diamètre[5]. Ces plantes possèdent chacune des fleurs mâles et femelles séparées.

Les cucurbitacées ont été petit à petit domestiquées par l’homme ; au fur et à mesure, leur taille augmentait et elles perdaient leur amertume. La plupart des courges sont regroupées en deux grandes catégories : les courges d'été, cueillies avant maturité qui peuvent se manger avec la peau et les graines (courgette, courge à moelle, courge d’Italie, pâtisson), et les courges d'hiver ramassées à pleine maturité à l’écorce dure non comestible (potiron, courge marron, potiron Corfou, courge verte de Hubbard). Cette classification repose sur la durée de conservation des courges.

 

Cucurbita pepo (ou courge pépons) est une espèce polymorphe incluant différentes variétés de courge comestibles, (courgette, potimarron, potiron, citrouille, courge spaghetti ou spaghetti végétal) et de courges ornementales (pâtisson). Les courges musquées comprennent quant à elles, la courge musquée de Provence (aux apparences de potiron dodu, très côtelée, à la couleur de terre cuite vernissée et souvent vendue tranchée sur nos étals), la butternut, etc.

Potiron vient du latin pepo et du grec pepon, signifiant gros melon rond ou coloquinte. Ceci a été traduit en français par "pompom" pour devenir potiron. Citrouille vient de l’italien citruolo ou citruelo, lui-même dérivé du latin citrus (citron). Concombre est issu du latin cucumis ou cucumeris. En anglais, le terme squash (courge) vient de l’algonquin askoot asquash signifiant manger vert. Les coloquintes désignent en général des cucurbitacées non comestibles.

La courge est très peu connue en Europe au Moyen Age. Or, il existait une courge médiévale qui était une sorte de gourde, calebasse ou cougourde, originaire d’Asie méridionale. La gourde était connue sous le nom de cucurbita depuis l’Antiquité. Cucurbita a été transformé en cohourge qui a donné courde, puis à partir du XIIIème siècle, gourde et courge. Or, pour les gens du Moyen Age, gourde et courge sont le même légume, alors que pour nous, il s’agit de deux variétés différentes. La plupart sont originaires du Mexique et d’Amérique centrale (Cucurbita pepo) et quelques espèces (dont Cucurbita maxima) viennent d’Amérique du Sud. Malgré le côté amer des premières citrouilles, elles ont certainement dû être cultivées pour leurs graines ou pour utiliser leur fruit comme containers. La courge, comme le haricot ou le maïs, a constitué l’ordinaire des Aztèques, des Incas et des Mayas d’Amérique du centre et du Sud pendant des centaines d’années. On retrouve des traces archéologiques des cultures de courges au sud des Etats-Unis datant d’environ vingt mille ans[6]. La courge fait partie de la cosmogonie amérindienne, notamment pour la fondation et l’introduction de l’agriculture ; de nombreuses cérémonies ont lieu chez les Amérindiens à la période des semences et de la récolte. Chez les Indiens Mandans[7] une légende raconte qu’un jour quatre ancêtres arrivèrent des profondeurs de la terre pour leur apprendre l’art de l’agriculture ; le plus jeune, qui avait pour nom "Tête chauve comme un hochet en calebasse", apporta la courge. C’est le chef "Manteau bien fourré", prêtre du maïs, qui apprit aux habitants de la terre à cultiver les champs, et il distribua aux familles des graines de maïs, de haricot, de courge et de tournesol afin qu’elles ne meurent jamais de faim.

La courge spaghetti est une variété apparue en Chine (Mandchourie). Des fouilles archéologiques ont montré que des traces de culture de courges furent produites il y a plus de dix mille ans, certainement en Asie, en Afrique et en Amérique. Dans ce même continent, des graines de potiron ont été découvertes datant de dix mille à trente mille ans av. J.-C. en Floride, sept mille à neuf mille ans av. J.-C. au Mexique et environ cinq mille ans av. J.-C. en Illinois. Le concombre est cultivé en Inde depuis au moins trois mille ans et l’était également par les Egyptiens, les Grecs et les Romains. Son origine est probablement africaine[8]. Dans la Bible, est mentionné le fait que lors de l’exode au XIIème siècle av. J.-C., les concombres d’Egypte manquaient aux Juifs.

 

Cucurbita moschata était cultivée au Mexique, en Amérique du Sud et au sud-ouest des Etats-Unis actuels, à l’époque précolombienne. Ensuite, les espèces migrèrent vers les Caraïbes et la Floride, où les Amérindiens les nommèrent "citrouilles séminoles". Les Amérindiens séchaient des lamelles de courges au soleil pour les conserver. Cucurbita pepo fut la première cucurbitacée introduite en Europe.

 

Une anecdote grecque d’avant J.-C. mentionne que lors d’un banquet, un chef servit une extraordinaire diversité de plats et tandis que ses hôtes se disputaient sur la question de savoir s’ils avaient mangé de l’agneau, du veau, des saucisses ou des légumes, il leur révéla que l’élément de base avait été la courge pour tous les plats.

La courge est depuis des siècles un aliment de base au Mexique. Les fruits sont consommés de différentes façons, les graines constituent un encas très populaire, sont également mixées dans les plats et utilisées pour faire des sauces spéciales ; les fleurs sont mangées farcies ou frites, donnent de la couleur et du goût aux soupes, rôtis et salades[9]. Les Amérindiens nommaient la courge askutasquash et utilisaient les graines de différentes manières : dans la cuisine pour leur huile, pour leurs vertus médicinales ou comme diurétique. Infusés, les pépins guérissaient les coliques, calmaient la fièvre et les problèmes urinaires chez les Indiens Cherokee[10]. La chair des fruits donnait une substance utilisée comme détergent pour laver le linge. Les hommes-médecines[11] racontaient qu’il suffisait de poser des tranches de citrouille sur la tête d’un malade atteint d’une crise de délire pour le soulager ; ce choc était censé remettre d’aplomb les esprits les plus dérangés. Les Indiens Navajo[12] appliquaient sur les brûlures une purée de citrouille afin de couper l’effet. Aujourd’hui, à la Jamaïque, les prêtres vaudous utilisent des feuilles de courge pour guérir leurs patients, notamment de la diarrhée et de la fièvre.

 

La courge est un symbole de prospérité, d’abondance et de fécondité ; elle doit cette signification à la famille prolifique à laquelle elle appartient, à l'abondance de ses pépins et à sa grosseur. Pline nous dit : « On pense que la graine de concombre sauvage favorise la conception si on la porte attachée sans qu’elle ait touché la terre, l’accouchement si on l’attache enveloppée de laine de bélier sur les reins de la femme sans qu’elle le sache, en prenant soin de l’emporter hors de la maison aussitôt après l’accouchement »[13]. Dans la tradition chinoise, la citrouille est considérée comme le premier des légumes et l’empereur de tous les végétaux. En Chine, une courge fixée sur la porte d'entrée porte bonheur et repousse les influences maléfiques. Selon la cosmogonie laotienne, les habitants se prétendent nés de courges que portait la liane axiale du monde. Véritables cornes d'abondance, les courges célestes des Thaïs contenaient, non seulement toutes les espèces humaines, mais encore les variétés de riz, ainsi que les manuels des sciences secrètes. Pour les taoïstes[14], les courges, qui représentent la régénération, sont une nourriture d'immortalité.

Certaines traditions européennes ont parfois fait de la courge (et de ses diverses espèces), le moyen d'introduction du diable dans le corps humain ; en effet, une personne qui mangeait ce légume pouvait être possédée. La forme phallique de certaines courges (dont la courgette) a peut-être motivé cette croyance car autrefois, ce qui avait trait à la sexualité pouvait être associé au mal.

Dans les premiers temps de la colonie en Amérique du Nord, la paysanne réservait toujours quelques citrouilles de la taille d'un melon pour les cuire sous la cendre et les manger comme des pommes de terre au four.

 

Ils ont une espèce de citrouille qui a un goût sucré. On la fait cuire toute entière sous la cendre et on la mange ainsi sans rien y ajouter

 

Père François-Xavier de Charlebois, Nouvelle-France, 1721

 

La racine de citrouille additionnée de vinaigre et d’huile d’olive est connue pour être bénéfique dans les problèmes de rate. D’autre part, les pépins concassés sont censés débarrasser des vers intestinaux.

Ses graines apaisent les ardeurs amoureuses. Dans le Limousin, pour obtenir de grosses citrouilles, on dit que qu’il faut que la personne qui sème ait une grosse tête (laquelle est d'ailleurs appelée en langage populaire « citrouille »). Dans le Cher, elle doit avoir un gros postérieur ; en Suisse, il lui suffit de débiter de nombreux mensonges. Pour les Bretons, les citrouilles semées le Vendredi Saint deviennent énormes, celle semées le Samedi Saint pendant que le Gloria sonne, deviennent « grosses comme des cloches ». Selon une tradition provençale, la courge est sensible à la fascination, elle se dessèche si on la montre du doigt ou si on la regarde. En Suisse jusque vers 1863, les paysannes apportaient leurs pépins de courge pour les faire balancer par la grande cloche de la cathédrale de Lausanne le 25 mars, pendant qu'elle sonnait midi, ce qui devait leur donner de la vertu et augmenter leur volume. Dans la vallée d'Aoste, on se contentait de les porter durant la procession de Saint-Marc. Dans le Mentonnais, une courge montrée du doigt sécherait[15].

 

Les cucurbitacées sont utilisées pour d’autres choses que la nourriture. Avec les courges dans différentes cultures, on fabrique des bocaux pour les conserves, des bouteilles, des ustensiles, des pipes, des instruments de musique, des cache-sexes, des masques, des flotteurs pour filets de pêche, etc. L’huile extraite des graines de courge est utilisée pour la cuisine, la lumière, les bougies, et pour l’industrie et la manufacture des savons. Les fibres des potirons sont extraites pour être utilisées comme éponge ou pour faire des cordes.

Des bijoux sont façonnés dans différentes graines de courges. Les fleurs de courges sont utilisées dans la fabrication du fond de teint et de l’extrait de fruit de concombre est ajouté à des shampooings et des savons. Les Arabes utilisent la pulpe séchée de fruits de coloquinte pour fabriquer de la poudre à feu, des mèches à briquet et des amorces.

Les Mexicains utilisent depuis longtemps la saponine[16] des fruits des cucurbitacées sauvages pour fabriquer des savons. De la même façon, les Nigériens utilisent les feuilles d’une courge locale pour nettoyer les métaux et se servent des fruits comme savons. Certaines cucurbitacées sont employées pour repousser les insectes ou sont suspendues dans la maison comme désodorisant. Les Chinois utilisent des extraits de luffa et de momordique[17] comme produit contre les insectes dans les cultures agricoles.

Les fruits de cucurbitacées sont souvent employés également comme décoration. Aux Etats-Unis, par exemple, les citrouilles sont évidées et illuminées par l’intérieur avec des bougies pour représenter Jack-O’-Lantern, afin de célébrer la fête d’Halloween. Halloween signifie "Veille du Jour de Tous les Saints"[18] (Eve of All the Holy One’s Day). Certaines anciennes coutumes païennes et cette période de fête chrétienne se sont combinées pour créer la fête d’Halloween. Depuis toujours, chez les Celtes, des fêtes marquaient la fin des récoltes en automne afin de célébrer le retour des troupeaux et le renouvellement des réjouissances des terres. Le Ier novembre, commencement de la nouvelle année celtique, ces populations fêtaient également la fête des morts, morts qu’ils croyaient enfermés à l’intérieur des animaux inférieurs. Cette nuit-là, les dieux se manifestaient et prenaient la forme de fantômes, de sorcières, de chats, etc. Les Celtes avaient introduit dans leur fête Jack-O’-Lantern, personnage avare, ne pouvant aller ni en enfer, ni au Paradis et marchant à l’infini avec sa lanterne, représentée par une citrouille, afin d’éloigner les mauvais esprits, jusqu’au Jugement dernier[19]. Avant que la fête n’atteigne les Etats-Unis grâce aux immigrants, en Ecosse on utilisait un gros navet[20] pour figurer la lanterne ; en Irlande, une pomme de terre, en Angleterre, une betterave… La citrouille se révéla vite plus pratique car elle s’évidait facilement et était plus grosse que les autres légumes. Son aspect arrondi lui conféra également un côté magique.

La citrouille a été mise en scène dans bien des contes, par exemple dans Cendrillon où la fée la transforme en un superbe carrosse. Différentes cultures décorent, sculptent et peignent les cucurbitacées et les emploient ensuite comme objets utilitaires. Cet art est très développé au Pérou, où encore aujourd’hui, des cucurbitacées pyrogravées sont exportées comme objets d’art et d’artisanat. Certaines cucurbitacées sont aussi cultivées comme plantes ornementales. La beauté des fruits et des feuilles, ainsi que l’odeur agréable des melons par exemple, rendent ces plantes attractives comme treillis ornemental.

Les fonctions médicinales sont nombreuses et variées. Un texte médicinal chinois écrit durant le Ier siècle mentionne les vertus thérapeutiques des melons et des gourdes. Plusieurs variétés de cucurbitacées font partie de la médecine chinoise actuelle. Des préparations sont exportées vers les Etats-Unis et font partie du marché médicinal. Leurs propriétés sont purgatives, émétiques et vermifuges, dues à une substance présente surtout dans les racines et les fruits ayant un effet drastique sur le système digestif. Le fruit de la coloquinte a un effet laxatif et vermifuge et bon contre le cancer et la fièvre. L’huile extraite des graines est utilisée comme antidote contre les morsures de serpents[21]. Chez les Indiens Cherokee, la citrouille et autres courges d'hiver avaient dans leurs entrailles des pépins précieux qui, infusés, permettaient de guérir les coliques, résorber les calculs rénaux, calmer la fièvre et les problèmes urinaires, réduire un œdème, etc.

 

Les utilisations culinaires des cucurbitacées sont diverses, on peut les faire bouillir, les cuire au four, les farcir, les manger cuites ou crues ou en dessert (melon).

Donnons quelques informations sur le melon (cucumis melo) qui est originaire d’Asie ou d’Afrique du Sud. Il était déjà consommé en Egypte ancienne, chez les Grecs et les Romains. D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il y a confusion de vocabulaire dans l’Antiquité et au Moyen Age entre concombre, pastèque, melon et courge. Apicius donne une recette de « Pepones[22] et melones » – dont on pense qu’il s’agit de deux melons différents –, dans laquelle il ajoute entre autres du poivre, de la menthe, du miel du garum et du vinaigre. Des moines italiens ont cultivé et amélioré le melon à la Renaissance dans une résidence papale d’été : Cantalupo, d’où le nom du melon cantaloup (de Cavaillon). On comptait soixante-cinq variétés de melons à la fin du XIXème siècle.

Les pépins des cucurbitacées sont comestibles et peuvent être, après les avoir bien nettoyés et séchés toute une nuit, déshydratés au four pendant trente minutes et consommés en apéritif. Les courges sont beaucoup consommées aux Etats-Unis et leur chair est utilisée pour confectionner les pies (tourtes).

Au Moyen-Orient, les courges sont farcies avec de la viande et d’autres ingrédients puis cuites au four. En Europe, les graines de potiron furent prescrites pour leurs effets laxatifs et purgatifs. Elles faisaient aussi partie des "quatre semences froides majeures" utilisées pour réprimer les ardeurs sexuelles. Leurs propriétés vermifuges furent établies au XVIIème siècle. On s'en servait également pour combattre les rhumes et les irritations du tube digestif.

A Saint Brisson sur Loire dans le Loiret, a lieu le troisième samedi de septembre la fête à la citrouille. La fête de la courge et des plantations d’automne a lieu début novembre à Saint-Jean-de-Vedas dans l’Hérault. Mi-octobre, la foire aux potirons et légumes rares se passe à Trauzault dans l’Indre. Enfin, la fête du potimarron a lieu au château de Lunéville dans la Meurthe-et-Moselle.
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         La courgette
         Il a toujours été d’usage de laisser les courges parvenir à complète maturité, mais ce sont les Italiens qui eurent l’idée, au XVIIIème siècle, de les consommer avant, ainsi naquirent les courgettes. Elles furent introduites en France dans les années vingt et nommées au départ "courges d’Italie" (citées dans le catalogue de graines Vilmorin). La courgette a été depuis ce temps-là un légume important en Italie. Les courgettes vertes sont appréciées en France et aux Etats-Unis, mais au Proche-Orient, on préfère les courgettes vert-jaune.

 

 
 

La courge spaghetti

La courge spaghetti est originaire de Mandchourie et a été introduite aux Etats-Unis en 1936. A maturité, le fruit jaune ovale peut être cuit tel quel dans l’eau bouillante, puis coupé. L’intérieur raclé avec une fourchette ressemble à des spaghettis végétaux et peut être servi avec une sauce tomate, de la même manière que des pâtes spaghetti.Le fruit pas encore mûr est cuisiné comme une courge en Italie, en Chine, au Japon. Il est ajouté dans les curry, et sa chair humide est utilisée pour réaliser des glaçages de gâteaux. Au Japon, la chair est séchée au soleil afin de la conserver, puis est utilisée pour emballer des petits morceaux de nourriture.

 

Le concombre

Le concombre est la plante la plus anciennement cultivée, certainement depuis aussi longtemps que le vin. Il provient vraisemblablement d’une plante sauvage aux petits fruits amers qui pousse sous les climats chauds et humides du nord de l’Inde. Un plant sauvage a été trouvé pour la première fois dans l’Himalaya au Népal. Cinq mille ans av. J.-C., le concombre était connu des Chinois et était très répandu dans les pays d'Asie. Les concombres étaient très appréciés des Hébreux du temps de Moïse, ainsi que des Egyptiens qui en faisaient des offrandes à leurs dieux. Les Hébreux l'importèrent en Terre promise, où il devint l'un de leurs mets préférés. La traversée du désert du Sinaï permit aux Hébreux de constater les propriétés désaltérantes de ce légume, appelé qissu im, constitué de quatre vingt dix-sept pour cent d’eau. Les premiers voyageurs ont apporté le concombre en Europe il y a trois ou quatre mille ans, où il était très apprécié des Romains. Le cuisinier Apicius l’accommodait avec du miel pour le rendre moins amer[23]. Tibère en raffolait et s’en régalait quotidiennement, si bien que ses jardiniers furent les précurseurs de la culture hors-sol : les concombres poussaient dans des caisses orientées vers le soleil à l’aide d’une roue mobile. Il était utilisé depuis les temps anciens tant comme aliment que pour les soins de la peau. Il fut introduit en France au IXème siècle grâce aux populations byzantines et Charlemagne en ordonna sa culture dans ses domaines. Aimé des têtes couronnées, il avait bonne réputation, et certaine prétendaient qu’il développait l’intelligence[24]. Le concombre fut ensuite exporté vers l’Amérique par Christophe Colomb et vers l’Afrique par les Portugais. La variété gherkin a été introduite dans le Nouveau Monde avec la venue des esclaves d'Afrique et a fait l’objet d’une culture importante en Inde occidentale. Il est aujourd’hui cultivé dans le monde entier.

En raison de ses nombreux pépins et de sa forme phallique, le concombre est symbole d'abondance et de fertilité. Dans le sud de la France, les femmes en consommaient pour concevoir ou alors s’enduisaient le ventre, le tour de taille et les cuisses d'une pommade appelée "crème de cachalot", composée de la chair du légume et de spermaceti[25]. Paradoxalement, le concombre était réputé pour calmer les ardeurs sexuelles et susciter la chasteté. S’il pleuvait à la Saint Maurice, c’est le légume qui pouvait être consulté par une femme qui voulait connaître le taux de fidélité de son mari : elle devait cueillir le plus gros spécimen de son jardin et le récurer ; si la peau résistait, restait luisante et vert foncé, le mari était fidèle. Mais si la peau devenait claire, il y avait anguille sous roche !

Au XVème siècle, on faisait baisser la fièvre d'un nourrisson en prenant un concombre de même taille que lui et en le plaçant contre son corps. En Italie, on entourait le petit malade d'un cercle de concombres censés attirer toute la "chaleur de la fièvre". Selon une autre croyance, pour débarrasser un lit de ses punaises, il fallait le frotter avec un concombre tordu (en forme de serpent) que l'on avait fait au préalable confire et tremper dans de l'eau.

En Lozère, jusqu’à la Première Guerre mondiale, une femme qui rencontrait quelqu’un allant vendre ses légumes au marché, dont des concombres, devait lui donner un objet qu’elle-même portait (par exemple une épingle à cheveux) ; sinon, le marchand n’avait aucune chance de vendre ses concombres.

Les cornichons, fruits de certaines variétés de concombres, sont cueillis petits et encore verts pour en faire des conserves. Ils n’ont pas une très bonne image : dans le langage populaire, un "cornichon" est un imbécile. Dans le patois du Lot-et-Garonne, un cornichon est un cocu. Aux XVIIIème et XIXème siècle, on était "ridé comme un cornichon".

Aujourd’hui, c’est le concombre long, dit "de serre" ou "hollandais", apparu aux Pays-Bas après la Seconde Guerre mondiale, qui domine sur les marchés. Le concombre ancien avait une forme courbée ou tordue. Aujourd’hui, ils sont très droits car on introduit les concombres naissants dans des gaines de verre afin que leur croissance soit rectiligne. C’est le deuxième légume cultivé le plus important (après le choux) pour les Chinois.

Une variété de concombre à peau blanche était cultivée en France au XIXème siècle pour fabriquer des cosmétiques. Aujourd’hui encore, le concombre est encore utilisé dans les produits de beauté (parfums, savons, lotions, shampooings). Depuis toujours, les femmes se couvrent le visage de fines tranches de concombre pour hydrater leur peau et lui redonner de l’éclat, car la pulpe est riche en vitamine C. On peut fabriquer un masque excellent pour la peau très simplement : faire bouillir cinq cents millilitres d’eau et un concombre ; attendre quelques minutes et verser dans un contenant stérilisé : le mélange peut se conserver dix à douze jours au réfrigérateur.

En général, le concombre est consommé cru, en salade ou conservé fermenté sous forme de cornichons. Dans certains pays comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou la Malaisie, le concombre est cuit avant d’être mangé. En Asie, les graines sont consommées.

 

La gourde

La gourde était depuis toujours cultivée dans l’Ancien et le Nouveau monde. Des traces archéologiques témoignent de sa présence au Mexique, au Pérou et en Floride il y a huit mille ans environ et en Afrique il y a quatre mille ans. Elle était aussi cultivée en Asie et au Moyen-Orient depuis des millénaires. Dans la Chine ancienne, les fruits évidés servaient de petites cages à des criquets élevés comme animaux domestiques. Les fruits amers sont utilisés comme containers pour nourriture et eau seulement après que le facteur amer a été éliminé par lavage. Les fruits mûrs sont également utilisés pour fabriquer des instruments de musique, des maisons pour oiseaux, des hochets, des louches... Ils sont portés comme cache-sexe en Nouvelle-Guinée, en Amérique du Sud et en Afrique. Au Kenya, les longs fruits servent comme seau à traire. Les Massaïs traient directement dans la gourde, puis ajoutent du sang de la vache au lait obtenu et laissent cette boisson fermenter dans la gourde[26]. De nombreuses cultures (africaine, sud-américaine et polynésienne) décorent les gourdes pour créer des objets décoratifs et utilitaires. Souvent, la forme des gourdes détermine le récipient final, que ce soit des calebasses, des marmites, des gamelles, des contenants pour récolter l'eau de pluie, etc. Chaque culture possède un style unique, et l’origine de la gourde peut être définie aujourd’hui par le style de l’artiste. Cet art était très développé chez les Incas. Aujourd’hui, les artisans du Pérou utilisent les méthodes (pyrogravure, peinture) et les dessins traditionnels pour décorer les gourdes qui deviendront des écuelles – dans l’écorce de la chiclayos, grosse courge pâle –, des pipes, des masques, etc., ou tout simplement des gourdes décoratives, pour celles, en particulier, dont la forme évoque la poire. La forme de poire a permis de retracer des visages aux traits expressifs. De nos jours, en Amérique du sud et au sud des États-Unis, des artistes ont repris et adapté cet art magnifique qu'est la sculpture de la gourde comme Nancy Pendleton[27] par exemple. En Argentine, de petites gourdes servent de contenant à maté[28]. La gourde est évidée, sculptée et agrémentée d’un couvercle en métal dans lequel on insère une tige de métal servant de paille appelée Bombilla et souvent décorée d'anneaux d'argent, et ainsi le maté conserve tout son arôme. En Inde, on en fait des sitars. Aux Antilles, on fait sécher la calebasse à l’écorce vert foncé dont la cavité centrale, séchée, est remplie de graines pour fabriquer des maracas et des marimbas au son desquelles l’on danse. Sur les champs de coton, les caissons des banjos étaient sculptés dans des citrouilles évidées. En Nouvelle-Guinée et dans le nord de l’Amérique du sud, les hommes fabriquaient des caches sexes, probablement avec la variété banana, longue, en forme de manchon. Cette courge avait aussi un rôle important dans la hiérarchie sociale car ce cache-sexe était réservé à l’élite.

Les gourdes ont depuis longtemps une grande importance dans la médecine traditionnelle, particulièrement en Asie. Elles sont utilisées comme container pour les médicaments et leurs fruits mûrs ont des vertus diurétiques. Les feuilles, graines ou fleurs possèdent des propriétés importantes pour les populations des tropiques.

Les gourdes ont été également employées comme moyen d’échange à Haïti au début du XIXème siècle ; à cette époque, le souverain requerra toutes les gourdes des habitants. Or, celles-ci leur manquèrent beaucoup car ils les avaient apportées avec eux depuis l’Afrique lors de la traite des esclaves, celles-ci étant essentielles là-bas dans la vie quotidienne. Ensuite le souverain rendit les gourdes contre paiement aux habitants et de ce fait, les gourdes prirent une valeur monétaire. Depuis lors, à Haïti, les pièces de monnaies sont appelées "gourdes" et la gourde continue à avoir cours aujourd’hui.

Des espèces sauvages de gourdes sont employées en Afrique dans la médecine traditionnelle. Les Nigériens utilisent des morceaux de fruits en préparations pour tanner les peaux d’animaux.

 

La christophine et la chayote

La christophine et la chayote sont des légumes anciens puisque les Aztèques les cultivaient déjà. Par la suite, ils se sont répandus dans l’ensemble des régions tropicales d’Amérique, aux Antilles, au Costa Rica et au Mexique. Ces légumes sont arrivés en Europe par le biais des Français d’outre-mer.

 



[1] Courge dont la moitié supérieure est en forme de gros bonnet.

[2] Pâtisson est un mot provençal donné à cette petite courge parce qu'elle ressemble à un gâteau sorti d'un moule à festons. On le surnomme également "bonnet de prêtre", "couronne impériale" ou encore "artichaut de Jérusalem".

[3] Le giraumon est le nom créole d’une variété de potiron cultivée dans les îles caraïbes.

[4] R. W. Robinson, D. S. Decker-Walters, Cucurbits, Coll. « Crop Production Science in Horticulture », Ed. Cab International, New York, Oxon, 1997, p. 2.

[5] R. W. Robinson, D. S. Decker-Walters, Cucurbits, Coll. « Crop Production Science in Horticulture », Ed. Cab International, New York, Oxon, 1997, p. 14.

[6] R. W. Robinson, D. S. Decker-Walters, Cucurbits, Coll. « Crop Production Science in Horticulture », Ed. Cab International, New York, Oxon, 1997, p. 72.

[7] Tribu amérindienne originaire de la région du Dakota du Nord. Leurs membres font aujourd’hui partie des Nations Mandan, Hidatsa et Arikara.

[8] R. W. Robinson, D. S. Decker-Walters, Cucurbits, Coll. « Crop Production Science in Horticulture », Ed. Cab International, New York, Oxon, 1997, p. 24.

[9] R. W. Robinson, D. S. Decker-Walters, Cucurbits, Coll. « Crop Production Science in Horticulture », Ed. Cab International, New York, Oxon, 1997, p. 78.

[10] De la famille des Iroquois, ils étaient établis dans le Tennessee et les deux Carolines aux Etats-Unis.

[11] Chamanes amérindiens.

[12] Apparentés aux Apaches, ils étaient établis dans le sud des Etats-Unis et vivent encore aujourd’hui dans l’Arizona.

[13] XX, III, 24

[14] Les taoïstes croient au tao (voie), principe du mouvement à l’origine de tous les processus naturels.

[15] D’après Paul Sébillot, Le folklore de France, Ed. Imago.

[16] Glucoside extrait de certains végétaux et dont la solution aqueuse mousse par simple agitation.

[17] Plante rampante appelée aussi concombre d’âne dont les fruits en capsule éclatent en projetant leur coque vide.

[18] C’est-à-dire veille de la Toussaint : jour de célébration de tous les Saints, fête fixée le 1er novembre par le Pape Grégoire III au VIIIème siècle. Vers la fin du Xème siècle, l’abbé de Cluny ajouta à la Toussaint des prières pour les morts.

[19] D’après World Book Encyclopedia, Vol. 3.

[20] Voir plus loin dans le chapitre sur les navets.

[21] R. W. Robinson, D. S. Decker-Walters, Cucurbits, Coll. « Crop Production Science in Horticulture », Ed. Cab International, New York, Oxon, 1997, p. 24 à 28.

[22] Selon Pline : « quand les concombres ont acquis un volume considérable, on les appelle pepones » (19,64-68). Ce nom a donné un dérivé grec melopepôn (d’où melopepo en latin), signifiant « melon-pomme », dont Pline dit qu’il s’agit d’une variété nouvelle ayant la forme d’un coing et prend sur le sol une forme ronde et dorée.

[23] La présence de cucurbitacine C provoque une certaine amertume que les jardiniers essaient de supprimer par hydratation.

[24] De nos jours, cette qualité lui est contestée, le terme « cornichon » étant plutôt péjoratif.

[25] Blanc de baleine.

[26] R. W. Robinson, D. S. Decker-Walters, Cucurbits, Coll. « Crop Production Science in Horticulture », Ed. Cab International, New York, Oxon, 1997, p. 90-91.

[27] Jeune artiste américaine vivant actuellement en Arizona. Elle pratique l’art mixte.
[28] Thé populaire préparé à partir de feuilles de Ilex paraguariensis.

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