750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog proposant des recettes de cuisine faciles mais goûteuses, réalisées avec des produits de saison bio. Articles sur l'anthropologie des épices et des légumes.

ANETH

 

 

 

 

 

Aneth, fenouil bâtard, fenouil puant (Anethum graveolens).

Famille des Apiacées (Ombellifères)

 

 

L’aneth chasse vents de chez nous,

Abaisse les tumeurs du ventre,

Fait que plus en sort qu’il n’y entre ;

J’entends des mauvoases humeurs

Qui au ventre causoient tumeurs[1].

 

Anonyme

 

 

La plante fait environ un mètre vingt de haut, est composée de tiges fines et ses inflorescences sont lumineuses. Ses feuilles dégagent un arôme très doux et ses graines ont un goût légèrement amer.

Le latin Anethum vient du grec anethon ; graveolens vient du latin gravis (fort) et olens (odeur) c’est-à-dire à senteur forte.

Son nom dérive d’un mot indo-européen signifiant fleurir, ou selon d’autres sources, il viendrait de "dilla" terme norvégien signifiant bercer, apaiser parce qu’il était utilisé pour bercer et endormir les bébés et chasser les sorcières.

L’aneth est originaire d’Asie centrale et du bassin méditerranéen et on l’appelle aussi fenouil bâtard.

Il faisait partie de la pharmacopée des herboristes babyloniens et syriens. L’aneth est mentionné dans un traité médical égyptien il y a plus de cinq mille ans comme efficace contre la douleur, ainsi que dans le papyrus d’Ebers[2]. Les Grecs couvraient leurs yeux de feuilles d’aneth afin de trouver rapidement le sommeil. Pythagore et Hippocrate conseillent de le tenir dans la main gauche afin d’empêcher les crises d’épilepsie et les maléfices. Au cours de leurs festins, les Romains se couronnaient avec des feuilles d’aneth à cause de la bonne odeur de la plante. Les gladiateurs en mettaient dans leurs aliments pour les rendre plus toniques et se frottaient les membres de son huile essentielle avant les combats ; d’ailleurs, les guerriers victorieux étaient couronnés de guirlandes d’aneth. Ils l’utilisaient aussi pour cicatriser les plaies. Au IVème siècle un médecin Bordelais Marcellus Empiricus prescrivait contre les maladies inguinales[3] d'attacher à la jambe ou au bras du côté atteint, une ceinture sur laquelle était lié de l'aneth portant sept nœuds. Il est cité dans l’Evangile selon Saint-Mathieu qui signale que pendant le premier siècle, il faisait l’objet d’un impôt comme le cumin et la menthe. Il également était utilisé comme herbe médicinale. Charlemagne faisait placer sur les tables de ses banquets des fioles d’extrait d’aneth pour calmer les convives ayant trop bu.

Au Moyen Age, il était utilisé en sorcellerie pour ses vertus aphrodisiaques (en infusion dans du vin), en branche sous forme de talisman contre le mauvais sort et il apparaît aussi dans les formules des magiciens. On portait également sur la poitrine des petits sacs d’aneth afin de se prémunir contre les sorcières et le mauvais œil[4]. Un vieux dicton affirmait : « Trèfle, verveine, herbe de Saint-Jean, aneth, arrêtent les sorcières dans leurs desseins ».

L’aneth, "plante réchauffante" avait la réputation de soigner les rhumes, de régulariser le flux menstruel et de soulager les hémorroïdes en usage externe. Selon une autre tradition, placer de l’aneth sous l’oreiller faisait taire ceux qui parlaient en dormant, ou calmait leurs ronflements. Selon sainte Hildegarde, abbesse de Bingen au XIIème siècle, contempler de l’aneth rendait triste. Les graines d’aneth avaient la réputation d’empêcher la folie, d’où l’expression « allez chercher de l’aneth » jadis utilisée, que l’on traduirait aujourd’hui par « vous débloquez » ou « vous avez une araignée au plafond ». Une recette ancienne propose à celui qui récolte l'aneth de formuler la prière suivante : « Bonne plante, Sainte aneth et toi Apollon vénérable, je vous prie et vous supplie que cette plante me vienne en aide que je puisse guérir par les remèdes qu'on en tire celui à qui je les enverrai ». Lorsque les femmes perdaient un objet, elles faisaient des offrandes de bouquets d'aneth aux icônes et aux saints dans les églises, puis elles restaient allongées à plat ventre devant la statue les bras en croix.

L'aneth était également réputé protéger les jeunes couples et leurs assurer une vie conjugale heureuse. Dans certaines régions de Flandres, les nouvelles mariées se rendaient à l'autel en accrochant systématiquement à leur corsage de l’aneth frais ou en plaçaient dans leurs chaussures. En Europe de l’Est, la plante avait également des vertus protectrices, les portes des maisons en étaient donc ornées, racine en l’air, pour que les graines puissent s’en échapper. Les Russes le considéraient comme un aphrodisiaque et les innombrables femmes qui voulaient séduire Raspoutine mettaient des graines d’aneth dans leur bain.

En Amérique, on l’appelle graine de "la maison de la réunion", car il était d’usage d’en mettre entre les pages de sa Bible et d’en consommer discrètement au cours de l’office pour tromper la faim et empêcher les gargouillements d’estomac.

Les Arméniens, qui l’avaient baptisé "Herbe de Dieu", en agrémentaient leurs dolmans[5]. Les Scandinaves fabriquaient une eau d’aneth apaisante et digestive qu’ils administraient aux bébés pour les soulager du hoquet et des coliques. En Suède et en Finlande, la fête traditionnelle de l’écrevisse est toujours entourée d’aneth, dû à cette herbe décorative recouvrant les plats d’écrevisses, eux-même cuits préalablement dans un bain d’aneth.

 

En cuisine dans les pays scandinaves, les feuilles de l’aneth odorant, sorte d’herbe aromatique nationale, sont utilisées pour le poisson, les crustacés ou les ragoûts. En Inde, on le trouve dans les plats de lentilles et de haricots.

En général, les graines servent à parfumer les poissons, les pommes de terre ou les liqueurs. On les place dans du vinaigre pour la préparation des cornichons.

Pour lui conserver son arôme, il ne faut jamais le faire cuire.

En médecine douce, l’aneth est diurétique, en infusion. C’est un tonique psychique et il combat les maux de ventre. C’est un constituant du médicament contre la grippe et il fait souvent partie des médicaments pour enfants, plus particulièrement pour les maux d’estomac. Il apaise le hoquet et les insomnies.

 



[1] Poème anonyme tiré du Regimen Sanitatis Salerno, diffusé par l’école de Salerne, une des grandes universités de médecine du 9e au 13e siècle. Elle fut fondée par quatre maîtres, un grec, un romain, un juif et un arabe, et aurait été inspirée par Anthime, médecin byzantin, conseiller du roi franc Thierry 1er. Cette école fondait son savoir sur des textes anciens (latins, grecs ou arabes), dont ceux de Constantin l’Africain né à Carthage (1020-1087) qu’elle fit traduire. Les traducteurs arabes du calife Mamoun, mirent alors à la disposition de tout l’Occident des textes exacts et la médecine occidentale fut considérablement influencée par la médecine arabe. Un recueil de préceptes d’hygiène et d’alimentation rédigé sous forme de poèmes, le Regimen Sanitatis Salerno, vulgarisa et exposa les vues de l’enseignement sur la diététique. Cette école prospéra pendant tout le Moyen Age et connut un grand renom jusqu’au XIVème siècle ; elle fut supprimée par décret par Napoléon 1er en 1811.

[2] Papyrus médical rédigé à la XVIIIème dynastie (vers 1440 av. J.-C.), et découvert par l’égyptologue allemand Georg Moritz Ebers (1837-1898). Il fait état de données où médecine et magie sont étroitement mêlées, mentionnant ail, bryone, chanvre, coriandre, fèves, figues, blé et orge, raisin, verveine ou valériane, parmi les plus connues de nous.

[3] Maladie ayant un rapport avec la région de l’aine

[4] Comme souvent, au Moyen Age, les produits ont des vertus antagonistes selon les époques et les types d’utilisation.

[5] Veste ajustée à brandebourgs que portaient les chasseurs à cheval.

Retour à l'accueil
Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :